
Quand on a trouvé cette gravure, nous avons été touché par sa petite taille (le diamètre mesure 8 cm), par sa forme ronde et par la profondeur de la perspective.
La finesse des détails induit très souvent nos visiteurs en erreur: à première vue ça peut sembler une miniature sur papier peinte à la main.
Mais si l’on regarde de plus près, on découvre que l’intérieur de cathédrale ou d’église a été imprimé en couleurs sur support papier. La sole trace d’intervention à la main est donnée par certains particuliers rehaussés avec la gomme arabique.
On peut se demander : en plus d’avoir une fonction purement décorative, à quoi d’autre pouvait servir une gravure si petite ?
Est-ce qu’elle pourrait être une illustration d’un livre découpée par quelque scélérat ? C’est bien possible, mais normalement – pas toujours – ces images étaient accompagnées d’une didascalie.
Est-ce qu’elle pourrait être partie d’une suite de gravures thématiques que, si présentées ensembles, auraient assuré un formidable résultat décoratif. C’est plausible, mais les gravures sont généralement – dans ce cas également pas toujours – caractérisées par tailles supérieures pour être bien visibles d’une distance raisonnable.
Est-ce qu’elle pourrait être un exercice de maitrise d’un graveur ? Cette hypothèse est possible aussi.
Comme pour tous les objets exposées dans notre magasin, on a fait des recherches pour venir à bout du mystère.
Il s’agit d’une lithographie en couleurs sur un disque de papier pour polyorama panoptique datant de 1849. Une sorte de diapositive rudimentaire qu’il fallait insérer dans un projecteur qui, grâce à une combinaison de lents, lumières et perspectives, accentuait le sens de profondeur en obtenant un effet très réaliste.
Mais pas seulement, grâce au rehaussage en gomme arabique et aux collages savamment exécutés, on pouvait obtenir des versions diurnes et nocturnes des mêmes images.

Qu’est-ce que c’était donc le polyorama panoptique ? Ce outil, simplification pratique des boîtes d’optique du XVIIIe siècle et du diorama de Daguerre, a été breveté par un fabricant de jouets d’enfants et opticien, Pierre Henri Amand Lefort, le 21 février 1849. Avant lui, le dessinateur parisien Auguste Louis Régnier avait mis au point une première méthode pour obtenir des images “dioramiques” (brevet du 15 décembre 1848), méthode qui sera reprise et simplifiée par Lefort. Lefort utilise en général une lithographie imprimée recto-verso, puis une couche de papier fin sur laquelle il peut coller de petits morceaux de papier coloré. Les images sont parfois perforées, comme au XVIIIe siècle. Le tableau est ensuite encadré de bois.
En raison de la fragilité du papier, on a préféré protéger l’intérieur de cathédrale dans une jolie cadre de la même époque.

Avant de terminer ce post, j’aimerais vous laisser avec une question : est-ce que parmi vous lecteurs il y a quelqu’un qui reconnait à quelle cathédrale ou église correspond l’intérieur représenté dans la gravure ?
D’après l’architecture et notre instinct, on pense qu’il s’agit d’un endroit français ; par exemple la Basilique Saint-Eutrope de Saintes montre pas mal d’analogies. Mais notre supposition est loin d’être le bonne réponse. Il peut s’agir bien sûr d’un lieu imaginaire mais… merci de toute façon en avance à qui nous aidera ! 🙂